
Le Mainiot notre patois
Le parler sarthois (ou haut-mainiot ou patois sarthois) est une langue d'oïl, parlée dans l'ensemble du Haut-Maine. Il est également appelé "parler Sapience", "parler cénomane" ou tout simplement "Manceau" (pour la variante de la région du Mans).


Un peu d'histoire

Les Aulerques, tribu descendant des Celtes, étaient probablement les derniers envahisseurs, avant les romains. Leurs traces de leur arrivée datent d’environ 500 avant Jésus-Christ.
Les Aulerques venaient probablement du Jutland (Presqu’île du Danemark, au nord de Slesvig) et des îles Frisonnes. Les Aulerques suivirent la route qui emprunte les zones de bonnes terres à travers la Belgique, la Picardie, Jusqu’à la Beauce et la Brie.
Après s’être fortement établis sur le massif Percheron, couvert de forêts et recelant les sources divines de nombreux cours d’eau, ils rayonnèrent dans les plaines environnantes en suivant le cours des rivières, en particulier de l’Eure, ou mieux celui de son affluent l’Iton.
Les chefs Aulerques soumirent les tribus de Ligures (Peuple qui habitait cette partie du pays) qui vivaient par petits groupes séparés. Ainsi se forma une puissante fédération. Les Aulerques se mélangèrent aux Ligures qui prirent définitivement le nom d’Aulerques et plus spécialement dans la région du Mans, celui d’Aulerques-Cénomans (Aulerci Cenomani)
Ce peuple gaulois faisait parti de la confédération des Aulerques situé à peu près ce qui est aujourd’hui le département de la Sarthe (le Maine oriental). Leur capitale était Vindinon ou Vindinum, aujourd’hui Le Mans.


Quelques dates

Aout 1539 : L'ordonnance de Villres-Cotteret sous François 1er qui précisait que tout acte officiel soit écrit "En langage maternel français et non autrement".
Commença le déclin des langues régionales.
30 Juillet 1793 : devant le comité de l'instruction publique, l'Abbé Henri-Batiste Grégoire déclarait qu'il fallait faire disparaitre les "jargons locaux".
16 Juin 1881 : la loi Jules Ferry imposait le français dans les écoles avec interdiction d'y parler une langue régionale.
Il a fallu beaucoup de ténacité à nos grands-parents, à nos parents et à nous mêmes, pour aujourd'hui réussir à toujours le faire vivre


Le mainiot est un patois "parlé" et ne possède pas de règles d'orthographe ou de grammaire strictes. Retranscrire en mots ce langage et la sonorité de l'accent relève de la sensibilité et de "l'oreille" de chacun. Ceci explique que la retranscription peut varier selon les textes et les auteurs même si la musicalité reste la même.


Mon accent
Y’ en a cor qui disent : « Ce n’est pas bien de parler comme ça ».
Mais d’caôser c’ment ? Avec mon accent ?
Et mes maôts qui ne sont pouint les vôtres ?
Mais çà qu’yé ma façon d’caôser à moué, çà qu’yé pâ la voûte, çà qu’yé la mienne.
Et by vous gêne mon accent ?
Y vous gêne p’ té’te ben, pas’qu’un joù on vous a dit à l’école : « Il ne faut pas parler comme çà ».
Mais moué j’ caôse comme mes gens qui m’ont donné la vie et … comme ceuses… avant eux, qui l’ caôsé si bin.
J’aime mon parler, j’aime parlicher, parler beau.
Mais… les maôts qu’ j’emploie j’ les r’trouve dans Villon, Montaigne, Rabelais, Ronsard, Molière.
Et vous oûsez m’ dire que c’est moué… qui caôse mal !
Mais … quand j’entends ma façon d’caôser, j’ me r’voie quand j’té quéniau en communion avec Dame Nature.
Libre, gambadant à travers champs, dans les guérets, sautant les russiaux.
Pêchant l’ékerbiche et l’ vairon. Grimpant aus arbes, ouissant l’ chant méliodieux des oisiaux.
R’gardant l’ bossu inquiet… d’bout sur ses pattes de derrière.
Et l’ goupil qui mulote.
J’ m’ revoué gardant l’z aveirants d’ la ferme.
J’ m’ revoué mussé sous un chêne.
Échafaudant dans ma tête les rêves les pû fous.
Et quand’ que j’entends mon accent , mon parler, c’est tout mon pays qu’est là… en moué.
Et quand’ que j’ dit « Heulà ! » çà t’yé mes racines, mon térouère sarthois qui caôse et dans mes yeux brille toute la malice de Scarron.
Cà t’yé mon identité !
Fernand LEGEARD

Pour tous renseignements
Liliane PICHON - 06 21 06 16 94



